Antoine et Jean Dionne-dit-Sanssoucy
et leurs enfants
Par
Lévis
1949
et
leurs Enfants
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Antoine Dionne-dit-Sanssoucy (1641-1721) – l’ancêtre de toutes nos
familles Dionne – passa dans la Nouvelle-France, en 1664, ou peut-être un peu
plus tôt. Son frère Jean
Dionne-dit-Sanssoucy, habitant de Beauport, en 1674, dont on perd la trace
après cette date, avait dû faire la traversée en même temps que lui. Du fait qu’on n’a pas retracé au Canada ni l’acte
de mariage, ni le contrat de mariage, ni même l’acte de baptême du premier
enfant, né en 1661, d’Antoine Dionne (c’est ainsi qu’il signait) et de
Catherine Yvory, son épouse, il semblerait que ce couple était déjà marié
lorsqu’il passa au pays. Leur fils
André, âgé de trois ans, fut inhumé au Château-Richer à la fin de novembre
1664, alors que les parents étaient déjà domiciliés à l’Ile d’Orléans.
On ignore d’où étaient originaires, en
France, Jean et Antoine Dionne-dit-Sanssoucy et Catherine Yvory, épouse de ce
dernier. C’est l’acte d’état civil du
mariage, inscrit à l’église, où le contrat de mariage notarié, qui donne
ordinairement ce renseignement, de même que les noms des pères et mères des
conjoints. Si cette source
d’information fait défaut dans nos archives canadiennes, il est assez rare
qu’on parvienne à retracer autrement le lieu d’origine et la filiation de nos
ancêtres. Espérons tout de même qu’un
chercheur finira par mettre la main sur quelque document fortuit, dans nos
propres archives ou ailleurs, qui nous mettra sur la bonne piste.
Jean et Antoine Guyonne ou Dionne ne
descendraient-ils pas du même ancêtre que nos familles Guyon ou Dion,
originaires de Mortagne, au Perche (maintenant dans l’Orne), et établies à
Beauport dès 1634? Le nom Guyon
ou Dion se serait tout simplement féminisé en France, à une époque plus
ou moins reculée, dans une certaine branche de la famille. La même chose ne s’est-elle pas produite
plus tard au Canada dans le cas de nombreux noms de famille, tels que : Audet(te), Bissonnet(te), Choque(te),
Duquet(te), Morisset(te), etc., etc. Observons que l’évolution purement
orthographique du nom a été identique dans les deux cas: Guyon(ne), Guion(ne),
Dion(ne), comme pour les familles, Guynard, Guinard, Dinard; Guyonnet, Guionet,
Dionet; Guyony, Guiony, Diony; Guyot(te), Guiot(te), Diot(te), etc., etc. Question d'accent, de prononciation,
d'adoucissement, en somme, qui a fini par se traduire dans le langage écrit.
Mais on peut se demander pourquoi les
noms de famille comme Guy, Guilbault, (Guil(le)bert, etc., ne se sont pas
modifiés de façon analogue, c'est-à-dire en: Di, au lieu de Guy,
soit: Di, pour Guy; Dibault, pour Guilbault: Dibert, pour Guil(le)bert, etc.,
etc. C'est que, si l'orthographe des noms propres subit avec le temps la même
évolution que les noms communs, le changement est beaucoup plus lent dans le
cas des noms de famille. Ainsi, le nom: Gibau(l)t n'a-t-il pas, en France,
la même origine que
Guil(le)bau(l)t, en vertu du
même processus qui fit que Guil(le)ber(t) devint Gilbert au Canada? Nos
familles: Lévesque — étymologie: l’Evêque — Langlois — étymologie: l'Anglais —
et Roy — étymologie: roi — n'écrivent-elles pas encore leur nom à l’ancienne
mode, par rapport à nos Guyon et Guyonne, qui ont modernisé leur nom en celui
de Dion et Dionne! Ce changement est sans doute plus lent en France qu'au
Canada, où un article du Code Napoléon oblige les officiers de l'Etat civil
d'inscrire les noms dans les actes de mariage sous la même forme orthographique
qu'on trouve dans les actes de mariage des pères et mères des conjoints. On a
ainsi voulu assurer l'intangibilité du nom de famille.
Le mardi 2 mars 1665 (gr. Vachon), Antoine Guyonne achetait
de Jean Mourier (dit Pierre Veron) une terre de 2 arpents de front, à
(Saint-Pierre de) l'île d'Orleans, bornée (au nord-est) par René
Cosset-dit-le-Poitevin et (au sud-ouest) par Laurent Benoist, (au vendeur
appartenant par acte de concession de Charles de Lauzon-Charny, le 12 décembre
1663 (gr. Vachon). Est-ce sur cette terre que demeurèrent les époux
Dionne des leur arrivée a l'île d'Orléans? Le 20 septembre 1669 (gr. Auber),
Antoine Guyonne cédait, au moyen d'un échange, a Jean Vallée, la terre en
question, de 2 arpents de front, alors bornée (au nord-est) par Antoine Lefort
(successeur de Rene Cosset-dit-Potvin) et (au sud-ouest) par Laurent Benoit.
Au recensement de 1666, Anthoine
Guyonne, habitant, a 25 ans; Catherine Ivory, sa femme, 22 ans,
et Anne Guyonne, leur fille, 9 mois. Au
recensement de 1667, on donne 26 ans à l'époux, 24 à l’épouse et 2 ans à leur
fillette Anne. Ils n'ont qu'une tête de bétail, mais 8 arpents de terre en
valeur, ce qui semblerait indiquer que le défrichement y était commencé depuis
trois ou quatre ans. La famille Dionne occupait alors une terre dans le bas de
la future paroisse de Saint-Pierre, appartenant à Jean Dionne-dit-Sanssoucy. En
effet, au recensement de 1667, elle est mentionnée entre Pierre Chaleu,
propriétaire de la terre voisine, au nord-est, et Thomas LeSueur,
fermier de Paul Vachon propriétaire de la deuxième
terre au sud-ouest. Et, le 7 novembre 1674 (gr. Becquet, cahier 21), Jean
Dionne dit Sansoucy, de Beauport, vendait à
Thomas LeSueur (sus-mentionné) cette dite terre, de 2 arpents de front, bornée
(au nord-est) par Nicolas Labbé. (successeur de Pierre Chalut), et (au
sud-ouest) par Maurice Crépeau (dont la terre était située entre celle du dit
Jean Dionne-dit-Sanssoucy et une terre appartenant a Me Paul Vachon, notaire de
Beauport).
Nous croyons que c'est sur
cette terre de son frère que la famille d'Antoine Dionne-dit-Sanssoucy s'était installée dès son arrivée a l’île
d'Orléans et que c'est là que virent le jour les trois premiers enfants
d'Antoine Dionne nés au Canada. La famille n'aurait pas habite la terre dont il
a été question en premier lieu et qu'Antoine Dionne échangea avec Jean Vallée,
le 20 septembre 1669 (gr. Auber). Cette dernière terre était située à environ
38 arpents au sud-ouest de celle de Jean Dionne.
En contre-échange, Antoine
Dionne avait obtenu de Jean Vallée une terre de 3 arpents de largeur, bornée
(au ord-est) par Jean Guy, et (au sud-ouest) par Joachim Martin, qui se
trouvait à 10 ou 11 arpents plus bas que celle de Jean Dionne-dit-Sanssoucy,
toujours dans les limites de la future paroisse de Saint-Pierre. qui ne remonte
qu'à 1678-79 comme paroisse. Vallée en était propriétaire depuis 1664 au plus
tard, et il l'occupait encore au recensement de 1667, qui le mentionne
immédiatement après Joachim Martin, son voisin du côté ouest. II avait alors 6
arpents de terre en valeur. C'est donc sur cette ancienne terre de Jean Vallée
que naquirent les quatre enfants d'Antoine Dionne nés entre 1669 et 1674
inclusivement, y compris l'unique continuateur de la famille au pays. Antoine
Dionne demeura là durant six ans.
Le 19 octobre 1675 (gr.
Rageot. No 1355), il vendait à Jean Leclerc dit le Bouteleau (1647-1708
— (1) — sa terre de 3 arpents de front, située à la Longue-Pointe,
avec maison, grange et étable, et bornée
par Jean Guy et Joachim Martin, à
lui appartenant par échange et acquêt,
fait de Jean Vallée. le 20 septembre
1669, par devant Auber, notaire. Cependant, peu
après. il dut y avoir rétrocession de Leclerc à Dionne, car Jean Leclerc le
Bouteleur acheta une terre dans Argentenay (Saint-François), du côté sud de
l'île, entre 1675 et 1678; et dès le 31 octobre 1676 (gr. Vachon (?)- minute
absente — (cf: même gr., 3 novembre 1679). Antoine Guyonne (re)vendait à Jean
Guy (1640-post 1700), son voisin, cette même terre, de 3 arpents de front,
bornée par Jean Guy, acquéreur, et par Joachim Martin. La terre en question se
trouve à environ 14 arpents de la ligne de séparation d'entre les paroisses de
la Sainte-Famille et de Saint-Pierre.
La veille (18 octobre 1675,
gr. Duquet, cahier 9), Antoin Dionne avait acheté de Joseph-Ozanni
Nadeau-dit-Lavigne une terre de 3 arpents de largeur, à (la Sainte-Famille de)
l’île d'Orléans, bornée (au nord-est)
par Jean Moreau-dit-Lagrange, et (au sud-ouest) par
Philippe Pacquier (Paquet). Cette terre avait été concédé au vendeur par
Charles de Lauzon-Charny, seigneur de Charny-Lirec, le samedi 3 février 1663
(gr. Becquet). La minute est disparue, mais la mention de l'acte se trouve au
répertoire. Cette terre était alors bornée (au nord-est) par Jean
Moreau-Lagrange (susdit) et (au sud-ouest) par Robert de Laberge (prédécesseur
de Philippe Paquet). Nadeau avait habité sur cette terre jusqu'en 1667, comme
en fait foi le recensement qui eut lieu cette année-là, et qui le mentionne
entre Jean Moreau et Philippe Pasquier.
En 1667, Mgr de Laval, seigneur de l’île d'Orléans, lui concéda 7
arpents de terre de front dans la future paroisse Saint-Laurent, au sud de
l'île, où il se fixa sans tarder. Quant à Antoine Dionne, il prit apparemment
possession de sa nouvelle terre dès l'automne, selon la mode du temps. On a
souvent reproche à nos ancêtres de changer de terres aussi facilement que l'on
change de chemise. Observons toutefois que les maisons de ferme étaient
généralement très petites au début de la colonisation, sans doute à cause des
difficultés du chauffage, l’hiver. Or, comme les familles étaient nombreuses,
il leur était souvent plus avantageux d'acheter ou d'échanger une terre que de
reconstruire une maison trop exiguë. Le déménagement n'entrait guère en ligne
de compte, puisque l'ameublement se résumait à peu près à rien.
Le 2 septembre 1679 (gr.
Rageot), Henri Brau, Sieur Pomainville (Brault-dit-Pominville, 1640-99),
habitant de la côte de Lauzon, faisait un échange avec Antoine Dionne, habitant
de l'île d'Orléans. Brault cédait à Dionne "une habitation de 4 arpents de
front, sur 40 de profondeur, avec la pêche, joignant d'un côté les héritiers de
François Boucher (1626-ant 1679) — époux de Françoise Gareman —, sise en la
côte de Lauzon et chargée aux conditions portées au contrat (de concession) du
10 août-1677 (gr. Rageot)". Et
Dionne transportait à Brault "un emplacement sis à la basse-ville de
Québec, de 20 pieds de front sur le fleuve, sur la profondeur jusqu'au haut de
la côte, avec la maison dessus construite, joignant d'un côté led. Dionne, le
pignon de la maison faisant la séparation, d'autre coté, le Sr Després, d'un
bout le fleuve, d'autre le d. côteau, aud. Dionne appartenant par contrat
devant Rageot, notaire, le 11 février 1678". II semble qu'Antoine Dionne aurait construit cette maison sur
l'emplacement ci-haut vendu, car Jean-Baptiste Peuvret du Mesnu ne lui aurait
concédé que l'emplacement, l'année précédente. Les ler février et 15 avril 1680
(gr. Rageot), Antoine Dionne semble aussi avoir emprunté quelqu'argent à
Lucien Boutteville. marchand de Québec, et fait un marché d'anguilles avec ce
dernier.
C'est sur l'ancienne terre
de Joseph-Ozanni Nadeau, à la Sainte-Famille, que nous trouvons la famille
Dionne au recensement de 1681, car elle est mentionnée entre: Nicolas Pasquin
(au nord-est, successeur de Jean Moreau-dit-Lagrange) et Michel Montambault (au
sud-ouest, successeur de Philippe Paquet). Antoine Dionne est alors dit âgé de
45 ans, tandis que Catherine Juory, sa femme, a 40 ans. Leurs enfants:
Jeanne (sic Jean) 12 ans; Marie, 10 ans; Anne, 8 ans; Marie. 5 ans et
Catherine, 5 mois. Antoine Dionne nourrit 3 bêtes à cornes, a 25 arpents de
terre en valeur et garde un fusil. Bernard Lesné, 25 ans, (son
gendre) et Anne Dionne, 16 ans, paraissent demeurer
chez Antoine Dionne, puisqu'ils sont mentionnés à la suite des membres de la
famille.
Et, en effet, le ler février
1680 (gr. Rageot, No 2025), Antoine Guyonne-dit-Sanssoucy avait baillé à Bernard
Laisné-dit-Laliberté (1656-1715), son gendre (2), sa dite terre de 3
arpents de front, bornée par Nicolas Pasquin et Philippe Pasquier.
La carte de l'ingénieur
Robert de Villeneuve, dressée en 1689, mentionne sous le No 10 de la
Sainte-Famille la terre d'Antoine Dionne dit Sanssoucy,
entre celles de Nicolas Paquin et de Michel Montambault
dit Leveillé. Cette terre, de 3 arpents de front, correspond aux
lots cadastraux actuels Nos: 224 à 226 de la Sainte-Famille. Là se trouve le berceau des Dionne au
Canada.
Le 19 février 1691, le
Conseil Souverain maintenait l’appel d'Antoine Guyonne contre Pierre Dubos
(1661-1706) — habitant dans le bas de Saint-Jean, I.O., à partir de 1689-90 —
au sujet de trois pieds d'arbres de pain, et
cassait ainsi un jugement antérieur rendu par le Juge Bailly de
l'île St Laurens (3).
Le 5 avril 1702 (gr. Chambalon), Antoine Dionne faisait
donation à Barthélemy Gobeil (1668-1724), son gendre, de sa terre de 3 arpents
de front, bornée par Nicolas Pasquin et par la veuve de Michel Montambault,
avec maison de pièces sur pièces de 30 pieds de longueur, cheminée, hangar et
étable, et 30 arpents de terre en labour.
Mais dès le 28 octobre de la même année, cette donation était annulée,
de sorte qu'Antoine Dionne était toujours propriétaire de sa dite terre.
Le 19 Janvier 1705 (gr.
Jacob, No 1020), Antoine Guyonne et Catherine Ivory, sa femme, faisaient acte
de donation et de vente de leur dite terre de 3 arpents de front, bornée par
Nicolas Pasquin et par Jacques Montambault, à leur autre gendre, Pierre Benoit
(1671-1735).
Pierre-Abel Benoit ne se
prévalut apparemment pas de cette donation au point de s'établir définitivement
sur la terre de son beau-père à la Sainte-Famille, car on constate par l'état
civil qu'il était déjà rendu à Deschambault, en 1706. La carte du sieur Gédéon de Catalogue, lieutenant des troupes,
datée de 1709, mentionne d'ailleurs comme propriétaire de la terre en question:
Sansouci, entre N. Paquin et Léveillé.
Une ordonnance de
1'Intendant, du 18 mars 1721 (1), condamnait Jean Guyonne (1670-1752), habitant
de Kamouraska, de nourrir et entretenir Antoine Guyonne (son) père, sa vie
durant, sauf au dit Jean Guyonne de se pourvoir contre Barthélemy Gobille
(sic). Gobeil (1668-1724) — son
beau-frère — habitant de l'île d'Orléans, pour faire annuler la donation à lui
consentie par Antoine Guyonne (père).
Nous avons vu que la donation en question d'Antoine Dionne père à
Barthélemy Gobeil, son gendre, avait été annulée dès 1702. Par suite Gobeil, comme Jean Dionne fils
d'ailleurs, n'avaient pas d'obligation particulière en faveur d'Antoine Dionne
père. C'est pourquoi une nouvelle ordonnance de l’intendant, en date du 3 août
de la même année (1721) (1), condamnait Pierre Abel (Benoit) (1671-1735).
habitant de Deschambault. de recevoir dans sa maison Antoine Guyonne, habitant
de Saint-Jean, île d'Orléans, agé de 90 (?) ans, père de sa femme, de le
loger, nourrir et entretenir, sa vie durant; et Barthélemy Gobbille
(sic), de Saint-Jean, I.O.. autre gendre du dit Dionne, devait contribuer pour
moitié aux dépenses. D'après les recensements, Antoine Dionne était alors âgé
d'environ 80 ans. II décéda vraisemblablement chez son gendre, Barthélemy
Gobeil, à Saint-Jean, I.O., où il fut inhumé, le 25 décembre 1721. Catherine Ivory, son épouse était décédée
après 1705.
On voit par l'aveu et
dénombrement du 25 août 1725, que la terre de feu Antoine Dionne. à la
Sainte-Famille, était alors passée à François Paquet (1695-post 1733), fils de Philippe (Pasquier), qui avait là 3
arpents de terre de front, avec maison, grange, étable et 50 arpents de terre
labourable, entre Jean-Baptiste Marcot (1676-1731) — au nord-est
— époux de Marie Paquin, successeur de Nicolas Paquin, son beau-père; et Antoine (Pépin)-Lachance (1694-1754) — fils de Jean
— au sud-ouest — successeur de Michel Montambault-Léveillé.
Du mariage d'Antoine
Dionne-dit-Sanssouci avec Catherine Ivory étaient nés douze enfants, dont six —
cinq filles et un fils — atteignirent l'âge d'adulte:
I—André, né en 1661,
décédé à l'âge de 3 ans et inhumé au Château-Richer, le (vendredi) 28 novembre
1664.
II—Anne, née (à
Saint-Pierre, I.O.) le (lundi) 27 juillet 1665 — alors qu'il n'y avait pas
encore d'église sur l'île d'Orléans — et baptisée à Québec, par
l’abbé de Bernières, le (lundi) 3 août suivant. Parrain:
Jean Dionne-dit-Sansoucy,
(vraisemblablement son oncle).
Mariée à l'âge de 14 ans, le
25 avril 1679, à Bernard Laisné (dit-Laliberté (1656-1715). habitant
demeurant au comté St Laurent, fils de
deffunt Guill. Laisné et de Luce Léonard,
vivant demeurant en la ville de Chasteau
Vaudrain, en Bretagne (1).
Bernard
Lainé-Laliberté demeura chez son beau-père jusqu'à la fin de mars 1684, soit un
an de plus que la durée de son bail du ler février 1680, dont il a été question
plus haut. Le 25 février 1684, par
contrat au greffe Vachon, le gendre s'engageait à continuer ses services
jusqu'à la fin de mars, sans estre empesché de prendre
huit jours pour se chercher une habitation
et vaquer à ses affaires. II avait donc l'intention
de s'établir ailleurs. Cependant, sa femme dut s'attarder quelques mois de plus
chez ses parents, puisqu'elle fit baptiser son troisième enfant,
Marie-Madeleine, le 18 août 1684, à la Sainte-Famille, comme ses deux premiers
nés.
Six mois plus tard, Bernard
Laisné-dit-Laliberté achetait une terre dans le bas de la paroisse Saint-Jean,
I.O., où il devait demeurer toute sa vie.
L'acte de vente fut passé par le notaire Paul Vachon, de Beauport, le 30
janvier 1685. En voici un résumé: "Elie Joseph Gauthier et Marguerite
Moystié, sa femme, de la Sainte Famille, vendent à Bernard Laisné dit
Laliberté, habitant du mesme lieu, une concession consistant en 3 arpents de
terre de front sur le fleuve, au passage du sud de la d. isle, à eux
appartenant par le décès de (Elie)-Joseph Gauthier, leur fils, lequel l'avait eue
par concession devant le notaire soussigné (le 4 février 1674), bornée (au
nord-est) par Jacques Gendron et (au sud-ouest) par Pierre Pasquier (Paquet
père, 1638-post 1719), et par devant au fleuve Saint Laurens, et au bout, par
derrière, à la ligne qui régnera par le milieu de la d. isle, de pointe en
pointe, avec tout ce qu'il y a de terre désertée et défrichée, et mesme de
bois, sans aucune chose en réserver ni retenir".
Et pour plus de sûreté, le 8
mars 1685 (gr. Vachon), Bernard Laisné-dit-Laliberté se faisait (re)concéder
par François Berthelot, au nom des seigneurs de l'Ile d'Orléans, la terre en
question qu'on dit alors bornée (au nord-est) par les terres non concédées, et
(au sud-ouest) par Pierre Pasquier fils (Paquet, 1671-1703). II y aurait donc eu au moins une terre non
encore concédée, en 1685, au nord-est de celle de Lainé-Laliberté, c'est-à-dire
entre cette dernière terre et celle de Jacques Gendron. La carte de Villeneuve,
de 1689. l'indique sous le No 5 (de Saint-Jean), au nom de Jean Dion:
cependant que la carte de Catalogue, de 1709. et l'aveu et dénombrement de
1725, la mentionnent au nom de J. Jodroy (Gendron) et de Jacques
Gendron (1662-1725) respectivement. C'est ainsi que sur la carte de Villeneuve,
la terre de Bernard Laisné, qui porte le No 6 de Saint-Jean, apparaît entre
celles de Jean Dion. au nord-est, et de Pierre Paquet, au sud-ouest, tandis que
la carte de Catalogue situe la terre de R (sic) Léné, entre
celles de J. Jodroy (Gendron), au nord-est, et de I. Rivière
(Robert Rivière, époux de Marie Paquet, donataire de la tranche est de la terre
de Pierre Pasquier père, son beau-père, au sud-ouest.
Bernard Laisné-dit-Laliberté
décéda à Saint-Jean, I.O., dans la nuit
du 23 octobre 1715, a l’âge de 60 ans ou environ, d'une maladie courante et
contagieuse. Anne
Guyonne-dit-Sanssoucy, son épouse, décéda au même endroit, âgée de 63 ans, le
12 octobre 1728, mais l'acte de sépulture lui donne 66 ans. Tous leurs enfants, sauf les trois premiers,
étaient nés à Saint-Jean.
Neuf mois après la mort de
son mari, soit le 4 août 1716 (gr. Rivet), Anne Dionne, veuve de Bernard
Laisné-dit-Laliberté, fit donation de ses biens a son fils Pierre
Lainé-dit-Laliberté (1692-1748), qui épousa Marguerite Plante, en 1720, à
Saint-Jean. L'aveu et dénombrement de
1725 mentionne la terre de feu Bernard Lainé au nom de la veuve Pierre
Lainé dit Laliberté.
C'est une erreur, puisque Pierre Lainé-dit-Laliberté décéda à
Saint-Jean, ou il fut inhumé, le 26 février 1748. Sans doute a-t-on plutôt voulu indiquer la veuve de Bernard
Laisné père, qui vivait encore à cette époque.
De toute façon, Pierre Lainé-dit-Laliberté avait dû acheter les parts
d'héritage de ses frères et sœurs, dans la succession de ses père et mère, puisqu'en
1725, il possédait dans le bas de Saint-Jean, I.O., une terre de 3 arpents de
front, avec maison, grange et étable, 40 arpents de terre labourable et 3 de
prairies, entre Jacques Gendron (1662-1725),
au nord-est, et Jean Chambrelant (1689-1756), époux de Marie-Josephte Paquet,
(successeur de Pierre Paquet (1638-post 1719), son beau-père), au sud-ouest.
Cette terre se trouve à une dizaine d'arpents à l'ouest de l’embouchure de la
rivière Delphine (devenu Bellefine, mais Dauphine, a l'origine), qui sépare les
paroisses de Saint-François et de Saint-Jean.
Sur la carte de l'île d'Orléans, de feu le juge Camille Pouliot, cette
terre porte le No 22 de Saint-Jean, correspondant aux numéros 15 à 20 du
cadastre actuel de cette paroisse.
Nos familles Lainé et
Laliberté ne descendent assurément pas toutes de Bernard Laisne-dit-Laliberte
et d'Anne Guyonne-dit-Sanssoucy, car il paraît y avoir eu plusieurs souches
distinctes de Lainé, et peut-être aussi de Laliberté. Les familles Laliberté de la région de Québec, et plus
particulièrement celles du comté de Lévis, descendent cependant de cet ancêtre
pour la plupart. Les familles Lainé de
Lévis et des environs sont des Lebon-dit-Lainé ou des Lainé-dit-Lebon, qui
descendent également de Bernard Laisné-dit-Laliberté, par son fils Pierre,
comme suit:
II—Pierre (1692-1748) marié
à Saint-Jean, I.O., le 30 janvier 1720, à Marguerite Plante;
III—Jean-Marie, marié à
Saint-Jean, I.O., le 4 juin 1764 à Basilisse Audet;
IV—Jean-Baptiste, marié à
Saint-Charles (Bellechasse), en 1796 à Louise Greffart;
V—Barnabé, marié à
Saint-Gervais (Bellechasse), en 1820, à Rose Dessaint-dit-Saint-Pierre (1).
Les autres enfants d'Antoine
Dionne et de Catherine Ivory étaient:
III—Marie-Madeleine,
née (à Saint-Pierre) le (dimanche) 4 décembre 1667 et baptisée le (jeudi) 22 du
même mois à la Sainte-Famille.
N'aurait-elle pas quitté la maison paternelle avant 1681, alors qu'elle
était âgée de 13 ans? Elle n'est pas
mentionnée avec les membres de la famille au recensement qui eut lieu au
printemps de cette année-là. Elle
épousa, à Québec, à l'âge de 24 ans, le 20 novembre 1691, Charles (Le) Normand
(1663-1715), de Québec, fils de Jean LeNormand et d'Anne LeLaboureur, aussi de
Québec. (Contrat de mariage, le 19 novembre 1691, gr. Genaple). De ce mariage naquirent à Québec cinq enfants,
dont deux fils. Décédée à Québec, âgée
de 35 ans, ou elle fut inhumée le 10 décembre 1702. Son mari convola en second mariage trois mois plus tard et décéda
à Québec, à l'âge de 51 ans, où il fut inhumé, le 22 mars 1715, laissant
plusieurs enfants.
IV—Antoine,
né (à Saint-Pierre) le 20 et baptisé le 23
février 1669 à la
Sainte-Famille. Décédé avant 1681.
V—Jean, né (à
Saint-Pierre) le 8 et baptisé à la Sainte-Famille, le 11 mars 1670. Le recensement de 1681 le mentionne sous le
prénom de Jeanne et lui donne 12 ans.
II épousa Marie-Charlotte Mignot, en 1694, et fut l'unique continuateur
de la famille (Voyez plus loin).
VI—Marie, née (à
Saint-Pierre) le 6 mars 1672 et baptisée le lendemain à la Sainte-Famille. Le recensement de 1681 lui donne 10
ans. Elle épousa à la Sainte-Famille,
le 9 novembre 1694, Pierre-(Abel) Benoit (1671-1735), pour lors de cette
paroisse, fils d'Abel Benoit et de Marthe Pointel, aussi de la Sainte-Famille. On lui donne 22 ans, a
son contrat de mariage, le 3 novembre 1694 (gr. Jacob). Leurs cinq premiers enfants — cinq filles —
naquirent à la Sainte-Famille, puis la famille se fixa à Deschambault entre
1704 et 1706. C'est là que décéda Marie-Josephte
Guyonne, âgée de 64 ans, où elle fut inhumée le 10 février 1736. Son mari l'avait précédée d'un an dans la
tombe et avait été inhumé au même endroit, le 2 janvier 1735. Ils avaient eu une nombreuse famille, mais
un seul fils: Jean-François Benoit (1715-98), continuateur de la lignée à
Deschambault.
VII—Marie, puinée (à
Saint-Pierre) le 22 avril et baptisée le 7 mai 1674 à la Sainte-Famille. Le recensement de 1681 la mentionne sous le
prénom d'Anne et lui donne 8 ans.
On perd sa trace après cette date.
VIII—Anne, née à la
Sainte-Famille, le 13 et baptisée dans cette même paroisse le 27 septembre
1676. Le recensement de 1681 la
mentionne sous le prénom de Marie et lui donne 5 ans. Elle épousa, à la Sainte-Famille, à l'âge de
22 ans, le 19 août 1697, Barthélemy
Gobeil (1668-1724), de Saint-Jean, I.O., fils de Jean Gobeil et de
Jeanne Guiet, aussi de cette paroisse. (Contrat de mariage, le 13 août 1697 gr.
Genaple).
Jean Gobeil père avait
apparemment d'abord demeuré à la Sainte-Famille, ou il avait acquis, le 14
janvier 1672 (gr. Becquet), de Noël Roze-dit-Larose, une terre de 3 arpents de
front, bornée (au nord-est) par Nicolas Patenote,. et (au sud-ouest) par
Robert Villancourt (Vaillancourt), et comprenant tout le lot cadastral
actuel No 244 et partie du lot No 245, presqu'à l'extrémité ouest de la
paroisse. Jean Gobeil, de Saint-Jean-Baptiste (I.O.), vendit à Claude
Panneton-(dit-Lefifre), le 16 mars 1688 (gr. Vachon), cette dite terre de 3
arpents de front, bornée aux héritiers Patenotre et à Robert Vaillancourt, son
gendre. La carte de Villeneuve, de
1689, mentionne sous le No 3, de la Sainte-Famille, une vieille grange
appartenant au dit Jean Gobeil, et située entre les héritiers Patenote et
Vaillancourt. Cependant Jean Gobeil
était rendu dans la paroisse Saint-Jean, I.O., avant 1681, puisque le
recensement qui eut lieu cette année-là le mentionne, avec sa famille, entre
Philippe Poquet (Paquet, au nord-est) et François Dumas, (au
sud-ouest). Comme il n'avait que 5
arpents de terre en valeur, il ne devait y avoir commencé le
défrichement que depuis une couple d'années. La carte de Villeneuve, de
1689, mentionne sous le No 61 la terre de Jean Gobeil, dans le haut de la
paroisse, entre Philippe Paquet et
Antoine Leblanc-(dit-Jolicoeur). Cette
dernière terre était située entre celle de Gobeil et de François Dumas.
C'est deux ans avant le
mariage de son fils, soit le 23 août 1695 (gr. Genaple), que Jean Gobeil avait
vendu à Barthélemy Gobeil, son fils ainé, une terre de 3
arpents de front, à Saint-Jean, avec 25 arpents en culture
et désert et le reste en haut bois,
et avec une méchante maisoni et grange
demy ruinez, bornés (au nord-est) par Nicolas Guilemes
(Guillemet) et (au sud-ouest) par Guillaume Hautmesnil. La carte de Catalogne, de 1709, mentionne
sous le nom de Gablois (sic) la terre de Barthélemy Gobeil, entre une terre
non concédée (au nord-est) et celle de
J(oseph) Leblanc au sud-ouest. Cette
terre mentionnée comme non encore concédée, en 1709, devait être celle qui
appartenait à Leviegue-dit-de-Hautbois, en date du 25 février 1685 (cf: gr. Vachon). Par suite, il y aurait eu au moins une terre entre celle de
Philippe Paquet, au nord-est, et de Jean Gobeil, au sud-ouest, que n'indiquent
pas les actes antérieurs. Il semblerait
même qu'il y en avait trois, si on s'en tient à l'aveu et dénombrement de 1725,
alors que Barthélemy Gobeil possède là 6 arpents de terre de front, entre
Michel Gausselin, au nord-est, et Joseph LeBlanc, au sud-ouest, avec
maison, grange et étable et environ 60 arpents de terre labourable. Barthélemy Gobeil aurait donc fait 1'acquisition,
entre 1709 et 1724, d'une terre de 3 arpents de largeur, située au nord-est et
continue à la sienne. Nous avons vu que
c'est là que décéda Antoine Guyonne, le beau-père de Barthélemy Gobeil, en
1721. Le gendre décéda au même endroit,
à l’âge de 56 ans, et fut inhumé à Saint-Jean, le 8 février 1724. Sa terre se trouvait à environ 27 arpents de
la ligne de séparation des paroisses Saint-Jean et Saint-Laurent. Quatre ans après la mort de son mari, soit
le 21 avril 1728 (gr. Pichet — disparu — insinuation à Québec, vol. V, f. 210),
Anne Dionne, veuve de Barthélemy Gobeille, faisait donation de sa terre à ses
fils: Barthélemy (1700-post 1742), qui épousa Marguerite Thivierge, vers
1730 ; et (Jean)-François
(1707-post 1757), qui épousa Françoise Gosselin, en 1735. Marie-Anne Dionne,
veuve de Barthélemy Gobeil père, survécut treize ans à son mari, décéda à
Saint-Jean, âgée de 60 ans, et fut inhumée dans cette paroisse, le 6 mai 1737.
IX—Marguerite, née le
5 septembre 1678 et baptisée le lendemain à la Sainte-Famille. Inhumée au même endroit, le 18 du même mois.
X—Catherine, née le 29
et baptisée le 31 mars 1680 à la Sainte-Famille. Inhumée au même endroit, le 10 avril de la même année.
XI—Catherine, puînée
le 23 avril 1681, baptisée à la
Sainte-Famille, le lendemain, et inhumée au
même endroit, le 7 février 1683. Le
recensement de 1681 lui donne 5 mois (?), au lieu de 5 semaines, tout
probablement. L'acte de sépulture de
cette enfant ne se trouve que sur le double du registre demeuré dans les Archives
de la paroisse.
XII—Catherine, puînée
en 1685, d'après son contrat de mariage, le 28 mai 1702 (gr. Jacob
père), qui lui donne 17 ans. Le Dictionnaire Tanguay la dit
baptisée à la Sainte-Famille, le 11 août 1683, mais cet acte ne se trouve pas
sur l'un et l'autre des doubles du registre de la Sainte-Famille. Elle épousa, dans cette même paroisse, le 30
mai 1702, Joseph Michaud, né à l'île aux Grues, le ler décembre 1678, qui fut
baptisé le 27 février 1679 (Etat civil de Québec), fils de Pierre Michaud et de
Marie Ancelin, pour lors établis au Grand-Kamouraska. Ces époux décédèrent après 1709 (6)
(Deuxième génération)
Jean Dionne-dit-Sanssoucy
(1670-1752)
Au printemps de 1670,
Antoine Dionne devait occuper la terre qu'il avait achetée de Jean Vallée
l'automne précédent, à la Longue Pointe, c'est-à-dire dans le bas de la future
paroisse Saint-Pierre, située à environ 14 arpents de la ligne de séparation
d'avec la Sainte-Famille. Ce serait
donc là que naquit, le 8 mars 1670, Jean Dionne-dit-Sanssoucy, l'unique
continuateur de la famille au Canada. II fut baptisé le 11 du même mois à la
Sainte-Famille.
Six ans
plus tard, en 1675. son père faisait l'acquisition de la terre de Joseph-Ozanni
Nadeau (Nos cadastraux actuels 224 à 226), à la Sainte-Famille. C'est là qu'il éleva sa famille.
Jean Dionne n'avait pas
encore 15 ans lorsqu'il obtint, avant 1685, de Louis Rouer de Villeray,
agissant au nom des seigneurs de l'île d'Orléans, concession d'une terre dans
le bas de la paroisse Saint-Jean, I.O., située à environ 23 arpents de la
limite est de cette paroisse. A 20 ans,
le 22 mars 1689 (gr. Vachon), assisté de son père, Jean Dionne-dit-Sanssoucy
vendait cette dite terre, de 3 arpents de front, bornée au nord-est par Pierre
Dubeau (1661-1706) et au sud-ouest par Louis Cauchon-(dit-Laverdière), à Vincent Chrétien le fils
(1671-post 1700). Cette terre passa à
Thomas Daniel (1672-1750), probablement avant 1695, qui en était encore
propriétaire en 1725 (1). C'est
apparemment en rapport avec cette terre qu'Antoine Dionne père eut des ennuis
de la part de Pierre Dubeau, son voisin, en 1691, qui furent portés jusqu'au
Conseil Souverain, comme nous l'avons vu.
II est dit dans l'acte de
vente de Jean Dionne à Vincent Chrétien que le vendeur possède une autre terre
à la Sainte-Famille. En effet, le 10 mars
1687 (gr. Vachon), Pierre
Boucher (1639-1707) et Marie Saint-Denis, sa femme, avaient vendu à Jean
Dionne-dit-Sanssoucy (alors âgé de 18 ans), fils d'Antoine, 2
½ arpents de terre de front, à la Sainte-Famille, bornés (au nord-est) par
la veuve de Pierre Saint-Denis (1626-86) et (au sud-ouest) par les mineurs et
héritiers de feu Marie-Anne Saint-Denis, épouse de Laurent Migneron. Ces 2 1/2 arpents de front correspondent à
peu près aux 3 arpents originairement concédés à Pierre Roches (1636-76), en
1663, et au lot cadastral actuel No 211, de sorte que 13 arpents séparaient les
terres d'Antoine et de Jean Dionne, son fils.
Jean Dionne avait 24 ans,
lorsqu'il épousa au Château-Richer, le 2 août 1694, Marie-(Charlotte?) Mignot,
fille de feu Jean Mignot-dit-Châtillon (1628-80) et de Louyse Cloutier
(1631-99), remariée avec Jean-Pierre Mataux (1628-1706), habitant du lieu.
L'épouse de Jean Dionne devait être l'aînée des deux enfants (de Jean Mignot et) de Marie-(
Louyse) Cloutier, que le recensement de 1681 mentionne à la Bouteillerie
(Rivière-Ouelle), sous le prénom de Charlotte, âgée de 11 ans. C'est apparemment cette enfant qui fut
baptisée à Beauport, sous le simple prénom de Marie, le 2 février 1671. D'abord établis à Beauport, la famille
Mignot-Châtillon était partie pour la Grande-Anse peu après 1674, puis avait
finalement tenté de se fixer à la Rivière-Ouelle (2). Le notaire Jacob avait
reçu le contrat de mariage des époux Dionne-Mignot, au Château-Richer, la veille du mariage.
Les quatre premiers enfants
de Jean Dionne et de Marie Mignot naquirent sur la terre de leur père à
la Sainte-Famille et furent baptisés dans cette paroisse. Ce sont:
1° Louis, né et baptisé le 15 août 1695 et inhumé à la
Sainte-Famille, le 29 du même mois.
2° Jean-Baptiste, né le 18 août 1696, baptisé le lendemain et
inhumé à la Sainte-Famille, le 5 septembre suivant.
3° Marie, née le 7 et baptisée le 8 septembre 1697, qui
épousa en premières noces, avant 1718, François Michaud (1687-1727) (1), puis
en second mariage à Sainte-Anne-de-la-Pocatière, le 4 juillet 1729, Philippe
Boucher (1704-47). Décédée après 1739.
4° Jean-Baptiste (puîné), né et baptisé le 5 mars 1700, qui
épousa, en 1727, ou peut-être un peu plus tôt, probablement à Kamouraska,
Marie-Madeleine Michaud. On sait que
les registres de cette paroisse antérieurs à 1727 sont disparus. La filiation de ces époux ne peut être
établie par leur acte de mariage (disparu), ni par leur contrat de mariage, qui
n'a pas été retracé. Cependant nous
savons que Jean-Baptiste Dionne était le frère d'Augustin (2), né en 1702, dont
la filiation est parfaitement établie (voyez ci-après). C'est ainsi que, contrairement à ce qu'on a
cru jusqu'ici, il n'y eut au pays qu'une seule souche de Dionne. Quant à Marie-Madeleine Michaud, elle
pouvait être la fille, baptisée à la Rivière-Ouelle, le 31 août 1703, de Pierre
Michaud l'aîné (1672-1761), ou plus probablement de son frère Pierre Michaud
puîné (1681-1760), tous deux de Kamouraska.
Cette dernière avait été baptisée à la Rivière-Ouelle, le 15 février
1706 (1). Jean-Baptiste Dionne
(1700-73), époux de Marie-Madeleine Michaud, est donc le continuateur de la
branche aînée de la famille. Il se fixa
à Kamouraska, apparemment sur une terre que lui céda son père à l'époque de son
mariage. (Voyez au greffe Janneau, le 9 février 1735, une donation, apparemment
de biens meubles, car cet acte ne fut pas insinué à la Prévôté de Québec, de
Jean Dionne et de Marie-Charlotte Mignau, sa femme, à leur fils Jean
Dionne). Une ordonnance de 1'Intendant,
du 3 octobre 1735, qui fait défense à Jean Choret de détourner l'eau de la
source qui est sur la terre de Jean Dionne (fils), son voisin (1), permet de
situer la terre en question comme suit, du nord-est au sud-ouest, au
Grand-Kamouraska, en 1710: Philippe
Ancelin, successeur de Pierre (Hudon)-Beaulieu: François Martin, successeur de Louis Martin ('4 x 30 arps); Jean Choret, successeur de Gabriel Paradis
(2); Jean Dionne (1670-1752) — terre qui passa à son fils Jean-Baptiste
(1700-73), vers 1727.
Deux ordonnances de
1'Intendant, des 30 juin et 24 juillet 1749, mentionnent Jean Dionne au nombre
des trois syndics de la paroisse de Kamouraska. Jean Dionne (1700-73) était le grand-père du seigneur Amable Dionne,
de Sainte-Anne-de-la-Pocatière.
Marie-Madeleine Michaud,
épouse de Jean-Baptiste Dionne, décéda à Kamouraska, ou elle fut inhumée le 16
juin 1771. Son mari lui survécut deux ans et fut inhumé au même endroit, le 12
juin 1773.
Revenons maintenant à Jean
Dionne père (1670-1752), que nous avons laissé à l'île d'Orléans, en 1701. Le 26 mars 1701 (gr. Jacob), Jean
Guyonne-dit-Sanssoucy vendait à Nicolas Asselin (1665-1748) sa terre de 2 ½ arpents de front, à la
Sainte-Famille, qui était alors bornée de chaque côté par le dit
acquéreur. C'est au cours de cette même
année, ou dans l'été de 1702 au plus tard, que la famille Dionne partit de
l'île d'Orléans pour se fixer dans les limites de l'époque de la paroisse
Notre-Dame-de-Liesse de la rivière Ouelle.
En effet, les actes de naissance de trois des cinq enfants, nés entre
1702 et 1709, de Jean Dionne furent inscrits à la Rivière-Ouelle. Cependant, du fait que Jean Dionne demeurait
à Kamouraska, en 1720-21, comme nous l'avons vu plus haut, nous croyons qu'il
s'était établi dans les limites de cette paroisse dès son départ de l'île
d'Orléans, et que c'est là que naquirent ses cinq derniers enfants: 5° Augustin, baptisé à la
Rivière-Ouelle, le 26 septembre
1702: 6° Joseph
(1703-79), futur notaire: 7° Geneviève (1704-70);
8° Antoine, baptisé à la Rivière-Ouelle. le 16 janvier 1707,
futur bailli et arpenteur ; et enfin:
9° Marie-Anne, baptisée à la Rivière-Ouelle, le 21 juillet 1709,
qui épousa en premières noces, en 1726 (contrat de mariage, gr. Janneau, 27
octobre 1726), Jean Moreau (1696-1762), fils de Jean Moreau et de Marie
Rodrigue, de Rimouski; et en deuxième mariage, à Sainte-Anne-de-la-Pocatière,
le 6 juin 1763, Pierre-Joseph Morin. (Voyez au gr. Janneau un acte de vente de
Jean Guione à Jean Moreau, son gendre, le 20 mars 1728.)
Les trois derniers fils de
Jean Dionne se fixèrent à Sainte-Anne-de-la-Pocatière, ce qui s'explique par
l'arrivée de Jean Dionne père, avec le reste de la famille, dans cette
paroisse, entre 1723 et 1729. Jean Dionne
était le beau-frère de Noël Pelletier (1654-1712). de Nicolas Lebel (1633-78)
et de Jean Grondin (1646-1714), trois des premiers colons de la Pocatière. A son arrivée à la Grande-Anse, Madeleine
Mignaux, veuve de Noël Pelletier, venait de mourir, de sorte que la terre de
feu Noël Pelletier, originairement de 5 arpents de front, avait été divisée en
deux tranches, celle du sud-ouest passant à Jean-François Pelletier
(1684-1743), son fils, et celle du nord-est, de 2 arpents de front, sur
42 de profondeur, correspondant aux lots cadastraux actuels Nos 40, 41 et 41,
passant à Jean Dionne (1).
Augustin, le deuxième fils
de Jean Dionne, avait épousé à Saint-Pierre, I.O., Marie Paradis, en 1726. (Contrat de mariage, le ler septembre 1726
(gr. Pichet — disparu — insinuation à Québec, vol. 4. f. 555).
Celle-ci mourut en 1728 à Kamouraska, après avoir donné naissance, dans
cette même paroisse, l'année précédente, à un fils, Augustin. Le ler mars 1729, Augustin Dionne convolait
en secondes noces, à Kamouraska, avec Marie-Angélique Moreau (fille de Jean),
veuve de Jean Guy. Le notaire Etienne
Janneau dressa l'inventaire de cette première communauté, le 9 avril 1731, en même temps qu'il faisait
celui de la communauté d'Augustin Dionne avec feu Marie Paradis. Immédiatement après leur mariage, Augustin
Dionne et Angélique Moreau se fixèrent à la Pocatière, car leur premier enfant
fut baptisé dans cette paroisse, en 1730.
Le 10 avril 1731 (gr. Janneau, insinuation à Québec, vol. V, f. 650),
Jean Dionne, habitant de la Grande-Anse et sa femme, faisaient donation à
Augustin Dionne, leur fils, aussi de la Grande-Anse, et à Marie-Angélique
Moreau, son épouse, de 2 arpents de terre de front, sur le fleuve, bornés au
nord-est par Jean Pelletier (1663-1739) et au sud-ouest par Jean-François
Pelletier (1684-1743). C'est sur cette
terre qu'Augustin Dionne éleva toute sa famille. Le 4 mai 1753 (gr. Joseph Dionne, insinuation à Québec, vol. XI.
p. 853), Augustin Dionne et Marie Moreau, sa femme, faisaient donation à Jean Guy
(né en 1727 du précédent mariage de celle-ci) et à Madeleine Bouchard, sa
femme, de 1 arpent et 7 1/2 perches de terre de front, sur 42
arpents de profondeur, à Sainte-Anne, bornés au nord-est par Charles Pelletier
(1699-1769) — successeur de Jean Pelletier (1663-1739), son père, et au
sud-ouest par le dit donataire.
Marie-Angélique Moreau décéda avant 1756, car Augustin Dionne, veuf de
Marie-Angélique Moreau, habitant de Sainte-Anne, passa contrat de mariage, le
26 avril 1756 (gr. Dionne), avec Geneviève Autin, veuve de Jean Miville
(insinuation à Québec, le 11 juillet de la même année, vol. XII, f. 144).
Le mariage suivit, puisqu'Augustin Dionne, veuf de Geneviève Autin,
contracta un quatrième mariage, à la Rivière-Ouelle, le ler janvier 1771, avec
Marie-Madeleine Marinier, veuve de Jean-Baptiste Beaudet, fille de Sébastien
Marinier.
Nous n'avons pas réussi à
identifier ce Jean Dionne, qui était fermier du moulin de la seigneurie de la
Pocatière, en 1743 (1).
LEON ROY